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Variations sous influence

Variations sous influences

Il plane en effet sur les images d'Harry Gruyaert tout l’esprit des films d’Antonioni ; dissolution de l’être dans de grands espaces, femme submergée par sa conscience, balade poétique de soi à soi, voyage intérieur qui engloutit les sens, paysages désertiques, solitude introspective… Le Désert Rouge, La Notte, L’Avventura… les plans de ces films ont été savamment digérés par Gruyaert et sont ici retranscrits et réinterprétés en deux dimensions, dans la même veine, dans ce même silence, moins quiet qu’il n’y paraît. Aussi, se demande-t-on devant tant de similitude et de connivence, si Harry Gruyaert n’a pas été photographe de plateau pour le cinéaste. Car dans ses tirages, on croit voir l’ombre de Monica Vitti et de Jeanne Moreau, respectivement Liddia et Valentina dans La Notte. Dans le hors-champ de l’imaginaire, tous les personnages qui peuplèrent ces chroniques de l’Italie des années 60 sont là, prêts à faire ressurgir avec eux un cinéma mythique et oublié. Jusqu’à ses couleurs-mêmes, douces et fortes aux contrastes rappelant les atmosphères de fin de journée caressée par quelque coucher de soleil. La lumière y est rasante, magnétique, presque coupante. Prête à décliner, elle envoie pourtant encore d’aveuglants rayons rouge et oranges.